Il existe nombre de maisons hantées dans le monde. En parfaite symbiose avec le résident, des esprits malins hantent la demeure et font la pluie et le beau temps du lieu.
Tout vieux, fort miteux, Matusalem, le doyen des chats, sommeille près de la chaleur de l'âtre. Il dort le dos rond, au rythme de ses ronrons d'une jubilation toute féline. Âgé de 20 ans, ce vieux sage rêve de ses parties de jeu de balle-clochette avec ses petits frères et soeurs ainsi qu'à ses safaris en chasse des rongeurs dans les ruelles avec ses congénères.
Au dessus de lui, l'enjouée Festiva, la benjamine des chattes, contemple avec amusement la danse des flammes, du haut de l'étagère de la cheminée. Bien que tentée de jouer avec les étincelles, Festiva garde ses distances avec le feu; elle garde encore en souvenir ses moustaches grillées pour s'être aventurée trop près du feu. Un jour, n'en doutons pas, son mépris de la peur la perdra.
N
on loin de là, Chagrine fait sa toilette après avoir vidé à elle seule un généreux bol de crème. De ses nombreuses grossesses, Chagrine a gardé un apétit féroce...surtout pour les restants de table. De toutes ses portées, seule Festiva est restée. Les autres ont été dispersés d'un foyer à l'autre. Le nom de Chagrine, si dodue au ventre invitant et maternel, lui vient des deux pigments en forme de larmes sous ses yeux.
Le voyou de la bande, c'est Khéna au masque précolombien imprimé en permanence sur son petit visage mutin. Khéna, un délinquant récidiviste, multiplie les gaffes et les punitions mais reste insensible aux “conséquences” humaines. Malgré son air indépendant et farouche, ce petit diablotin aime bien amuser ses propriétaires par ses acrobaties et sauts périlleux.
Tous ces chats aux personnalités si opposées et distinctes ont pourtant un point en commun : ils détiennent une large part de la beauté et de la grâce du monde animal. C'est normal: ils sont chats. Leur démarche est majestueuse. Leur pelage est une riche étoffe de velours où il fait bon se nicher le nez. Mais c'est l'insondable regard de sphinx qui fait du chat un puits de mystère. Cette espèce animale représente en elle-même virilité et féminité. Lorsque l'on appelle par analogie-un homme, un « matou », c'est faire référence à sa nature mâle. Et les mouvements du chat n'ont-ils pas la fluidité de ceux d'une femme?
Le chat, en sa demeure, n'est pas qu'un vulgaire animal domestique : il est l'idole, le sultan, le maître incontesté des lieux. Toute son aisance respire sa fierté de digne descendant de la déesse Basteth. C'est pourquoi les chats nous toisent avec condescendance....et l'esclave humain se laisse prendre au jeu.
Texte original : Nathalie Benoît
Images crées à l'aide de l'intelligence artificielle
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